Evangile : Luc 23, 35 à 43 Prédication : Colossiens 1, 12 à 20
Prédication pour le dimanche 25 novembre au Temple de Lagorce
Evangile : Luc 23, 35 à 43
Prédication : Colossiens 1, 12 à 20
Cantiques : Arc-en-Ciel 98, 1-2-3 ; 544, 1-2-3 ; 536, 1-2-3-4 Spontanés: (AEC) 118, 1 ; 428, 4 ; 475, 2 ; 81, 8 ; 862 ; 875 ; 471, 1 ; 138, 2 L'évangile de ce dernier dimanche de l'année liturgique nous présente un des derniers moments de la vie de Jésus. Ce moment où Jésus semble dépourvu de toute autorité, de toute puissance – et, pourtant, il garde toute sa dignité, même à cet instant où tout le monde se moque de lui. A leur insu, ils ont devant eux le roi de l'univers – couronné à une couronne d'épines. Écoutons Luc 23, les versets 35 à 43 : Jésus est à la croix.
Le peuple restait là à regarder ; les chefs, eux, ricanaient ; ils disaient : «Il en a sauvé d'autres. Qu'il se sauve lui-même s'il est le Messie de Dieu, l'Élu !» Les soldats aussi se moquèrent de lui : s'approchant pour lui présenter du vinaigre, ils dirent : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même. » Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « C'est le roi des Juifs. » L'un des malfaiteurs crucifiés l'insultait : « N'es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même et nous aussi !» Mais l'autre le reprit en disant : « Tu n'as même pas la crainte de Dieu, toi qui subis la même peine ! Pour nous, c'est juste : nous recevons ce que nos actes ont mérité ; mais lui n'a rien fait de mal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras comme roi. » Jésus lui répondit : « En vérité, je te le dis, aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis. »
L'épître de ce dimanche que nous allons méditer ensemble, nous présente un hymne, un cantique des premières générations chrétiennes qui parle de la création et de celui qui la tient entre ses mains. Ecoutons quelques versets du premier chapitre de l'épître aux Colossiens :
Rendez grâce au Père qui vous a rendus capables d'avoir part à l'héritage des saints dans la lumière. Il nous a arrachés au pouvoir des ténèbres et nous a transférés dans le royaume du Fils de son amour ; en lui nous sommes délivrés, nos péchés sont pardonnés.
Il est l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute créature, car en lui tout a été créé, dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles comme les êtres invisibles, les trônes et les souverainetés, les autorités et les pouvoirs. Tout est créé par lui et pour lui, et il est, lui, par devant tout ; tout est maintenu en lui, et il est, lui, la tête du corps -- qui est l'Église. Il est le commencement, Premier-né d'entre les morts, afin de tenir en tout, lui, le premier rang. Car il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute la plénitude, et de tout réconcilier par lui et pour lui, et sur la terre et dans les cieux, ayant établi la paix par le sang de sa croix.
Bien chers amis,
ne vous étonnez pas trop de ces deux lectures bibliques – moi, je m'en suis déjà assez fort étonné ! Même que le début de la période de l'avent ne sera fêté que le dimanche prochain, c'est un mélange fort étonnant, à la limite de l'insupportable, de nous proposer d'abord cet évangile de Jésus, qui, à la croix, devient l'objet de moqueries et de blasphémies du peuple – et ensuite l'épître aux Colossiens avec cet hymne radieux du Christ qui est le « chef », c'est à dire la tête et la suprême autorité de l'univers entier.
Or, c'est vrai : Ce n'est que dans ce paradoxe, ce n'est que dans cette tension presque insupportable entre l'humain humilié à l'extrème – et la réalité divine la plus sublime, que nous rencontrons celui qui, pour nous, est le fils de Dieu, donc la manifestation de Dieu même dans notre monde, dans sa création.
Nous sommes invités à découvrir sa réalité et sa gloire à travers un cantique des premiers chrétiens qui est parvenu à nos jours justement par le fait que l'épître aux Colossiens le cite pour parler de la réalité du Christ. Permettez-moi, tout d'abord, de vous présenter en quelques mots le contexte dans lequel cette épître s'adresse à la communauté chrétienne de Colosse : Dans cette église locale s'étaient imposés des idées, des philosophies qui nous sont familiers, puisqu'elles gagnent toujours à nouveau du terrain, et ceci justement de nos jours. Il s'agit d'idées qui se résument aujourd'hui sous le nom de « new age », des idées qui peuvent passionner bien des gens à la recherche de repères religieux. Il s'agit de philosophies et de théories qui incitent à se servir de facultés, de puissances spirituelles dont ont dit qu'elles soient à la portée de toute personne qui veut en profiter pour arriver à mieux vivre, pour avoir du succès, pour être heureux. Hélas, aucun humain, jusqu'à présent, n'a trouvé un moyen de se tirer à ses propres cheveux de la bourbe – et c'est ainsi que, très souvent, les gens qui s'orientent sur de telles téchiques psychologiques, se retrouvent tôt ou tard dans des déceptions atroces, dans la déprime, car, au lieu d'accéder à une autonomie phantastique, ils ne peuvent que se rendre compte de leur propre insuffissance...
Pour éviter de telles déceptions, l'apôtre met les membres de cette communauté en garde. Il le fait en parlant positivement de celui qui seul peut nous sauver. Pour cela, il cite un hymne, un cantique qu'ils ont, pour ainsi dire, appris à l'école du dimanche, qu'ils connaissent par coeur – et dont ils découviront, en écoutant l'épître qui leur est adressée, des ajouts qui concernent leur situation actuelle.
L'apôtre leur montre une orientation bien plus prometteuse que celle de chercher en eux-mêmes les moyens pour construire sa vie et son monde.
Il leur parle de cette réalité, de cette puissance créatrice qui est à l'origine de la création, qui régit l'univers entier ! L'hymne cité reprend des points de vue théologiques qui nous sont familiers et qu'on trouve aussi ailleurs dans la Bible. Dans les traditions des sages d'Israël, c'est la sagesse de Dieu qui est citée exactement dans les mêmes termes que nous trouvons ici pour nous parler du Christ.
Autrement dit : Déjà les penseurs de la Bible hébraïque se sont posés la question à savoir comment la création de l'univers a pu se réaliser. Bien sûr, pour eux, ce n'était pas « le big bang », ou « le hasard » qui se trouve à l'origine de tout, mais « la sagesse », c'est à dire une « intelligence » divine, intélligence dans le sens le plus large et le plus profond du mot. Pour nous, cette « intelligence », ce sens, ce n'est pas seulement une faculté intéllectuelle ou un ordinateur cosmique, un savoir ou un savoir-faire qui serait la structure suprême de l'univers. Pour nous, chrétiens, la réalité spirituelle qui régit le monde n'est pas seulement une puissance céleste et éternell qui discerne et qui ordonne. Nous savons, par contre (par la révélation de ce que nous appellons la « nouvelle alliance ») que ce qui est à l'origine de la création entière, c'est – l'Amour !
Or, si Dieu est amour, et si cet amour est à l'origine de l'univers, donc de tout, que ce concerne notre petite existence individuelle ou le monde dans son ensemble, rien ne peut être aléatoire, rien ne peut être dû au hasard, rien ne peut être dépourvu de sens. Et donc, l'apôtre Paule ne se lassera jamais de le dire, tout va concourir au bien, tout va être orienté au salutaire, tout va devenir bénédiction – si seulement nous ne nous accrochons pas trop fort à nos propres idées ou à nos craintes, à nos soucis et à nos doutes, à tous ces « pouvoirs et autorités » qui semblent nous dominer et qui nous intimident – à tort – tous les jours...
Mais voilà, à l'opposé de tant de grandes visions philosophiques qui nous parlent de l'univers et de ce qui l'anime en profondeur, cet hymne et surtout les ajouts que nous trouvons ici, dans l'épître aux Colossiens, ne se contentent pas pas de nous laisser jeter un regard rêveur dans des hauteurs philosophiques ou spirituelles insoupçonnées. Ils nous ramènent très sobrement dans la réalité qui nous entoure. Cette réalité qui est marquée par le fait que Dieu, à travers le Christ, nous a arrachés au pouvoir des ténèbres. Voilà ce qu'appelle le nouveau testament « le salut ». Le salut universel qui vise non seulement quelques élus, mais tout au contraire tous les humains. Mais, trop de nos compagnons de route l'ignorent, trop de nos contemporains se perdent soit dans leurs popres erreurs, soit dans leurs angoisses, dans leurs craintes, dans leurs insécurités.
C’est pourquoi nous sommes appelés au témoignage. La perspective du salut qui nous est révélée est universelle. Nous vivons tous, c'est vrai, à l’ombre de la mort. Tous les jours, nous sommes aux prises avec l’agressivité du péché. Mais il ne faut surtout pas se lasser de témoigner du fait que les forces du néant, les obscurités de l’abîme chaotique qui nous menacent ne l’emporteront pas. Pourquoi ? Parce qu'elles n’arriveront jamais à nous séparer de Dieu, de l'Amour qui nous est donné dans le Christ Jésus. Voici le fondement de notre foi. Voici le fondement et la raison de notre confiance. Mais il ne faut surtout pas oublier que cette réalité n’est pas réservée aux chrétiens seuls. Or, elle nous est donnée pour en vivre. Et puisqu'elle nous est accordée nous ne pouvons pas faire autrement que de l'expériementer, pour en témoigner, pour la faire rayonner autour de nous afin qu’elle puisse se répandre au-delà de l’Église, pour atteindre tout être humain.
Voici pourquoi l'apôtre nous dit : Rendez grâce au Père qui vous a rendus capables d'avoir part à l'héritage des saints dans la lumière. Il nous a arrachés au pouvoir des ténèbres et nous a transférés dans le royaume du Fils de son amour ; en lui nous sommes délivrés, nos péchés sont pardonnés. Amen.
Oui, Seigneur, tu nous as fait sortir des obscurités du péché, de tout ce qui nous sépare et de toi, et de nos compagnons de route. C'est ainsi que nous nous adressons à toi en toute confiance.
Nous te présentons tout ce qui nous accable, tout ce qui risque de nous engouffrer dans ces profondeurs desquels tu nous as libéré dans ton amour.
Nous te présentons nos propres doutes, nos peurs, nos blessures mal cicatrisées, nos inquiétudes face à un avenir incertain. Tu connais nos coeurs, Seigneur, et tu sais que pour lui, si souvent,
les obscurités sont plus puissantes que ta lumière. Accorde-nous des amis, des frères et soeurs, des compagnons de route qui nous acceptent malgré nos doutes et nos imperfections, malgré nos hésitations et nos erreurs, malgré tout ce que nous sommes, pour nous permettre de rencontrer, par eux, très concrètement, ta miséricorde, ton pardon, ton amour.
Et nous te présentons celles et ceux qui nous entourent et que, hélas, nous n'arrivons pas toujours à toucher vraiment par un témoignage authentique qui transmet ton amour. Nous pensons à celles et à ceux qui nous font perdre patience, à celles et à ceux qui nous ont blessé, et nous n'arrivons pas à nous réconcilier, nous te présentons celles et ceux qui sont écrasés par le malheur qui les touche : la maladie, le départ de la personne qu'ils ont aimé, la vieillesse qu'ils ont du mal à accepter, le chômage... Nous te prions, Seigneur : accorde-nous ton esprit d'amour et de sagesse qui nous permettra d'être présent partout où tu veux que nous témoignons de ta présence, de ton amour qui est plus fort que la mort.